Eau de santé, eau de beauté

Le curé Sebastian Kneipp, également connu sous le nom de Wasserdoktor (docteur de l’eau), s’apprêterait à fêter cette année son 200e anniversaire. Son livre So sollt ihr leben ! (C’est ainsi qu’il vous faut vivre) est toujours un best-seller après 132 ans. Sebastian Kneipp est surtout associé aux thérapies par l’eau. Sur la base de méthodes existantes, dont les fondements existent depuis l’Antiquité grecque et romaine, il en élabore de nouvelles, les teste, les affine puis les enseigne.

De l’expérience à la méthodologie

Le jeune Kneipp s’inspire du petit livre publié par le médecin Johann Siegmund Hahn Unterricht von Krafft und Würckung des frischen Wasser in die Leiber der Menschen (Leçons sur la puissance et l’efficacité de l’eau froide sur le corps humain) et tente de guérir par lui-même la tuberculose, dont il se sait atteint et condamné, en se baignant régulièrement dans le Danube glacé voisin et en se douchant avec de l’eau froide. Cela produit son effet, il se rétablit. Lorsqu’à son tour, un camarade d’étude attrape la tuberculose et demande son aide à Kneipp, l’eau courante nécessaire à la thérapie n’existe pas encore.

C’est par l’arrosage qu’advient la révolution du traitement par l’eau :

• L’arrosage autonome des jambes s’inspire de la marche dans la rivière voisine.
• La quantité et la pression de l’eau sont spécifiquement contrôlées pendant l’arrosage.
• L’arrosage se fait des genoux aux épaules, en passant par les cuisses et la poitrine.

Kneipp peaufine cette technique d’arrosage au cours de ses années d’études. Lorsqu’il arrive, jeune curé, au couvent dominicain de Wörishofen, ses compétences en la matière aident les sœurs malades à guérir. La nouvelle de ses succès se répand rapidement. Toujours plus de gens font appel à lui, si bien que Kneipp forme quelques dominicaines et trois de ses nièces au métier « d’arroseuse ». Mais le succès appelle l’envie. Kneipp est accusé d’être un guérisseur puisqu’il soigne des personnes sans avoir fait d’études de médecine. L’histoire raconte qu’après sa condamnation, un juge lui demande conseil pour soulager ses propres douleurs.

L’arrosage, les compresses et les bains de Kneipp sont utilisés dans le monde entier, mais la formation standardisée date du milieu des années 1950. Aujourd’hui, de nombreux cours et formations en santé selon Kneipp offrent un niveau de connaissances uniformisé et sont ouverts à toute personne intéressée. « L’eau n’est que l’un des cinq piliers qui, selon le Père Kneipp, servent la santé et donc la beauté aussi », explique Elvira Bierbach, naturopathe étroitement associée aux travaux de Kneipp. « L’eau, tantôt froide, tantôt chaude, renforce les pouvoirs d’autoguérison du corps. »

Hydrothérapie – et bien plus encore !

« Nous sommes constitués de 70 à 80% d’eau. Les bains, les arrosages, les enveloppements et les claques manuelles sur le corps me permettent d’augmenter l’apport d’oxygène tout en favorisant la circulation sanguine. Dans le même temps, le flux lymphatique est réactivé, le système immunitaire et le tissu conjonctif renforcés et les déchets éliminés. Une douche harmonise le système nerveux autonome et donc aussi la production d’hormones. Tout cela exalte aussi la beauté car, abstraction faite des tendances en la matière, se sentir en forme, être en bonne santé, avoir un regard lumineux et une peau ferme, c’est ce que tout le monde souhaite. »

Chips et canapé ?

Non, merci ! Le second pilier de la méthode holistique Kneipp est la diététique. Elvira Bierbach poursuit : « Nous avons besoin de bons aliments pour être en bonne santé. Aucun organisme ne peut se procurer des nutriments sains à partir de chips et d’huile de palme. L’alimentation selon Kneipp doit être équilibrée, régionale, saisonnière, préparée sur le moment, beaucoup de légumes, les aliments moins sains en petite quantité seulement. » À l’époque de Kneipp, la grande bourgeoisie et l’aristocratie subissent les effets d’une alimentation excessive, malsaine et d’un mode de vie laissant à désirer.

Le troisième pilier de la méthode du curé de Wörishofen est le mouvement. « Il faisait couper du bois à des patients atteints de goutte qui n’avaient pas envie de bouger et leur recommandait promenades, randonnées et jardinage. Aujourd’hui, l’exercice peut très bien être la danse ou la natation, par exemple, en tous cas pas une heure de jogging que l’on se force à faire. »

Pouvoir des plantes et tranquillité

Les effets du quatrième pilier de Kneipp, la phytothérapie, sont aujourd’hui largement prouvés scientifiquement. Kneipp utilisait de nombreuses plantes sauvages, qui, aujourd’hui encore, ont une teneur en vitamines et sels minéraux bien supérieure aux légumes d’un supermarché. Ajoutés aux bains, ils apportent le bien-être recherché et exercent donc une influence positive sur la santé.

De nos jours, l’on pourrait appeler le cinquième pilier de la méthode Kneipp, la Ordnungstherapie (ordre de vie), la Work-Life-Balance ou l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Ce fondement dit : « Chaque chose en son temps et chaque chose dans la bonne mesure ». L’experte Kneipp complète : « Avec la surcharge sensorielle d’aujourd’hui, la concentration et le rythme sont importants. Si l’on vit de nuit comme de jour, cela porte atteinte à la santé. À un moment donné, même les compresses ne sont plus d’aucune utilité. »

Les mérites de Kneipp

« Il n’est pas l’inventeur de l’hydrothérapie, mais il l’a intégrée dans un concept avec d’autres facteurs de guérison, puis optimisée et systématisée », conclut Elvira Bierbach, naturopathe et porte-parole de la Gesamtkonferenz Deutscher Heilpraktikerverbände und Fachgesellschaften (Conférence des associations allemandes des naturopathes et des associations professionnelles) : « Aujourd’hui, le Père Kneipp serait probablement un Heilpraktiker (naturopathe) certifié par les autorités sanitaires. Ses méthodes favorisent le pouvoir d’autoguérison du corps. À l’époque, il n’avait aucune étude à disposition. Il observait, appliquait, notait. » Le Wasserdoktor, déjà reconnu et apprécié dans le monde entier de son vivant, a mis au point environ 120 traitements hydrothérapeutiques différents, de l’immersion à l’arrosage et des compresses aux bains de plantes. Aujourd’hui, les effets de certaines méthodes ont été scientifiquement prouvés : les traitements hydrothérapeutiques renforcent le système immunitaire, augmentent l’apport en oxygène et stimulent le flux lymphatique. Concevoir la santé du corps, de l’esprit et de l’âme comme un tout reposant sur cinq piliers était révolutionnaire à l’époque – et reste plus que jamais d’actualité aujourd’hui.

Immerger ou arroser – conseils de beauté Kneipp

Le bain de bras ou « l’expresso Kneipp »

• renforce naturellement
• stimule le métabolisme et la circulation sanguine,
• ravigore en cas de fatigue et d’épuisement.

Application : remplir un lavabo ou une bassine d’eau (12–18 °C), immerger les mains et les bras, qui doivent être chauds au départ, jusqu’au milieu des bras (environ 30–40 secondes), en respirant profondément. Puis essuyer l’eau, les couvrir et balancer les bras pour les réchauffer.

L’affusion de beauté pour le visage

• stimule la circulation sanguine et raffermit la peau,
• appliquer deux fois par jour pendant quatre semaines.

Application : protéger le cou avec une serviette de bain et pencher le visage vers l’avant. Projeter le jet d’eau froide à pression moyenne sur la tempe droite, aller vers la tempe gauche en passant sur le front et revenir vers la droite. Inspirer et expirer par la bouche. Une courte pause respiratoire est autorisée. Terminer en faisant trois mouvements circulaires sur l’ensemble du visage avec le jet d’eau. Essuyer l’eau à la main sans se sécher. S’abstenir en cas de sinusite, d’inflammation nerveuse ou de maladie oculaire.

Cornelia Klammt s’est spécialisée en gestion cosmétiques, massages et bien-être, comme conseillère et sur le terrain, après avoir été rédactrice et autrice pour ARD, ZDF et RTL. Elle accompagne aujourd’hui les prestataires de bienêtre et les entreprises de cosmétiques dans leurs relations publiques. www.corneliaklammt.de

Texte : Cornelia Klammt

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