Le jeûne intermittent

Pouvoir manger ce qui nous plaît dans un laps de temps de huit heures, puis jeûner pendant seize heures ? Ou jeûner pendant deux jours puis manger le reste de la semaine sans remords ? Ce jeûne intermittent est censé être sain et faire fondre les petits bourrelets. En quoi consiste cette tendance ? Le jeûne intermittent promet une perte de poids sans l’effet yoyo ainsi qu’un grand coup de fouet pour votre métabolisme et votre santé. Une formidable promesse pour toutes les personnes qui souhaitent garder leur silhouette pendant toute leur vie. Cette nouvelle stratégie de perte de poids a également attiré l’attention du centre allemand de recherche sur le cancer. « En fait, il n’existe que quelques rares études sur le jeûne intermittent, mais elles présentent des effets étonnamment positifs sur la santé du métabolisme », explique le Dr. Ruth Schübel qui a réalisé une étude en collaboration avec d’autres chercheurs et comparé les régimes basses calories avec le jeûne intermittent. Résultat : le jeûne intermittent n’apporte ni plus ni moins qu’un régime ordinaire. « Just do it ! » ou « faitesle ! » est donc le credo de l’équipe de scientifiques, car de toute façon une personne en surpoids maigrira. Il existe de nombreuses façons d’atteindre un poids plus sain, chacun doit trouver le régime qui lui convient.

Renoncer ou jeûner ?

De nombreuses personnes trouvent trop difficile de suivre un régime alimentaire pendant des semaines et certaines jettent l’éponge après peu de temps. La plupart des gens estiment contraignant de manger moins à chaque repas. L’alternance entre les repas à volonté et les périodes de jeûne peut représenter une alternative. Les trois tendances privilégiées : › Jeûne 5:2 = manger normalement pendant 5 jours puis 2 jours de jeûne conscient › jeûne alterné = un jour de repas, un jour de jeûne › Jeûner dans une fenêtre de temps de 16 à 20 heures au cours d’une journée (« meal skipping » ou sauter un repas) Le jeûne intermittent n’est finalement pas plus facile à suivre qu’un régime puisqu’il oblige également à se priver, soulignait la professeure Anja Bosy-Westphal de l’université de Kiel lors du congrès sur le diabète 2018 à Berlin. L’effet yoyo, c’est-àdire la reprise rapide de poids après un régime est comparable à l’effet d’autres stratégies d’amaigrissement.

Le jeûne comme réinitialisation du corps

La différence avec le jeûne c’est que le métabolisme fixe un nouveau cap, car il ne peut plus gagner de l’énergie principalement à partir des hydrates de carbone, il doit brûler les graisses. Après une journée de jeûne, cela se reflète dans le sang de manière plutôt affligeante : un taux de cholestérol plus élevé (composé du « mauvais » LDL et du « bon » HDL), davantage de graisse hépatique et une moindre réactivité des cellules à l’insuline. « Avec la perte de poids, cet effet est toutefois compensé à long terme », explique le Dr. Lioba Hofmann du centre fédéral de nutrition. « Le jeûne intermittent doit donc toujours s’accompagner d’une perte de poids et s’étaler sur une longue durée pour obtenir un résultat. Les chercheurs en cancérologie s’intéressent particulièrement au jeûne intermittent puisqu’il réduit les stimulants de croissance et les divisions cellulaires. Le corps se repose, il se concentre sur la fourniture d’énergie et veille à ce que les cellules et les tissus ne souffrent pas de détresse.

Vivre plus longtemps avec un IMC 22

Le système immunitaire a le droit de se reposer et le premier repas est destiné à le réactiver. Des études ont dévoilé que le jeûne favorise la mort des cellules tumorales dans diverses formes de cancer. La réduction des calories ou le jeûne peuvent contribuer à prévenir le développement de tumeurs. Nous avons la preuve qu’une surcharge pondérale augmente non seulement le risque de cancer, mais aussi le risque de réapparition de la tumeur après un traitement réussi. Toutefois, cela ne signifie pas qu’être mince ou en déficit pondéral soit un objectif à suivre à tout prix. Un IMC (indice de masse corporelle / rapport poids/taille en mètre au carré) supérieur à 30 indique l’obésité et un IMC inférieur à 18,5 la maigreur. Statistiquement, les personnes qui vivent le plus longtemps sont celles qui gardent un IMC autour de 22 correspondant à peu près à leur ancien poids idéal. Ceux qui s’affament se font plus de mal que de bien à long terme. Vous devez l’expliquer à vos client.e.s si vous constatez des déficits d’information au cours de la rencontre et de la conversation.

La faim est synonyme de stress

La perspective de ne pas pouvoir manger pendant des heures, voire une journée entière, n‘est pas si facile à supporter. La sensation de faim met le corps et l‘esprit dans une sorte de situation de stress obsessionnel. Les pensées se bloquent sur « l’obtention de nourriture ». On peut toutefois apprendre à se distraire de cette idée fixe et à apaiser notre anxiété. Si vous êtes constamment de mauvaise humeur ou devenez un paquet de nerfs à chaque phase de jeûne, vous devriez penser à des alternatives de régimes.

Le Prof. Dr. Thomas Skurk, professeur de médecine nutritionnelle à l‘université technique de Munich, s‘occupe de l‘obésité, de la diabétologie et des effets des formes d‘alimentation sur la santé.

Le jeûne intermittent implique de ne pas manger pendant des heures. Certaines personnes trouvent plus facile de ne pas manger du tout que de se limiter à tous les repas. Le jeûne intermittent comprend, par exemple, le schéma 2:5, c’est-à-dire jeûner deux jours par semaine et manger normalement cinq jours, ou la variante 16:8, c’est-à-dire jeûner pendant seize heures et manger normalement pendant huit heures. L’expert en métabolisme, le Dr. Thomas Skurk, professeur de médecine nutritionnelle à l’université technique de Munich, répond aux questions sur le jeûne intermittent et les conséquences des différentes méthodes sur l’état d’esprit de ceux qui veulent simplement perdre du poids.

Le petit déjeuner est-il important ?

Notre recommandation n’a pas changé : le petit déjeuner est le repas le plus important de la journée. Le jeûne intermittent est un concept de style de vie qui convient particulièrement à ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent pas faire face à un changement radical de leur alimentation. Certains peuvent se sentir plus en sécurité avec un cadre défini permettant de maintenir des habitudes alimentaires familières. Ainsi, même si le petit déjeuner doit être considéré comme le repas le plus important de la journée, cela ne signifie pas toujours « le matin ». Les personnes qui doivent travailler contre leur horloge biologique prendront leur petit déjeuner à dix heures ou plus tard.

Voyez-vous dans ce cas des risques pour la santé ?

Nous ne pouvons pas encore prévoir les effets de ce concept sur le métabolisme. Ce qui est certain, c’est que l’abstinence totale de nourriture pendant des heures, voire une journée entière, ne convient pas à tout le monde.

Mieux vaut donc prendre un bon petit déjeuner, manger un repas substantiel à midi et ensuite jeûner jusqu’au lendemain matin ?

Certaines personnes dorment mal lorsqu’elles ne mangent pas le soir. On doit essayer ce qui nous convient. Un bon petit déjeuner est particulièrement important puisque nous avons une performance initiale élevée le matin que nous ne pouvons utiliser que si nous avons absorbé suffisamment d’énergie.

Texte: Nina Lorenz

Photos: stock.adobe.com (4), Thomas Skurk (1)