Fini les bourrelets
Une perte de poids importante ou une grossesse peut entraîner la formation de replis adipeux abdominaux qui peuvent gêner de nombreuses personnes. Heureusement, il existe des moyens pour les aider.
Le spécialiste
Dr Karl Schuhmann travaille comme chirurgien plastique depuis plus de 23 ans. Il est actuellement médecin-chef de la Clinique de chirurgie plastique et esthétique et de la chirurgie de la main auprès des cliniques Augusta à Bochum Hattingen et il exerce également dans son cabinet privé à Düsseldorf. Il effectue en moyenne 50 abdominoplasties par année.
Dr Schuhmann, quelles sont les alternatives à l’abdominoplastie ? Pouvez-vous recommander des méthodes permettant de réduire la graisse abdominale ?
La majorité des patientes et patients qui me consultent pour une abdominoplastie ont déjà fait de nombreuses tentatives préalables pour retrouver un ventre plat et une taille fine. En modifiant son alimentation et en pratiquant des exercices spécifiques, il est possible d’aider son corps à perdre de la graisse, mais ces mesures ne pourront pas retendre une paroi abdominale très distendue. Un traitement peu invasif consiste à raffermir la peau à l’aide de fréquences radio et d’ultrasons. Cette méthode favorise la dégradation des cellules adipeuses par le chauffage ciblé des tissus et stimule la restructuration des fibres de collagène. Elle est idéale contre les dépôts de graisse tenaces sur l’abdomen, les cuisses, le haut des bras, les hanches et contre la cellulite.
Dans quels cas les méthodes douces ne serventelles plus à rien ? Existe-t-il des critères objectifs sur la taille de ces excédents de peau ou est-ce généralement un désir subjectif qui conduit une patiente ou un patient à prendre rendez-vous ?
Dans la plupart des cas, les femmes, tout comme les hommes d’ailleurs, viennent me voir après une perte de poids très importante car le corps n’est souvent plus capable de réduire par lui-même la paroi abdominale fortement distendue. Ceci est dû au relâchement ou à la déchirure des structures du tissu conjonctif sous-cutané, lequel conférait auparavant à la peau abdominale sa tenue et sa fermeté. Il en résulte une peau ridée et pendante, appelée replis adipeux. Ceux-ci sont un énorme fardeau psychologique pour les personnes concernées. Nombreuses et nombreux sont ceux qui ont honte de leur apparence et se retirent de la vie sociale et communautaire. Par ailleurs, les replis adipeux présentent également un risque d’inflammation chronique. L’abdomen, précisément, compte plusieurs couches de peau qui peuvent se chevaucher. La sueur et la chaleur corporelle créent alors un terrain propice à la prolifération des bactéries et des mycoses cutanées. Les mouvements normaux du corps et le frottement des vêtements sont d’autres sources d’irritation de ces replis excédentaires. Une abdominoplastie se pratique souvent chez la femme après une grossesse multiple lorsque la paroi abdominale extrêmement tendue ne se rétracte plus. Il peut en aller de même en cas de plusieurs grossesses rapprochées, les tissus de l’abdomen étant tellement sollicités qu’une abdominoplastie devient nécessaire.
Quelles sont les différentes contraintes sur le plan chirurgical ?
En chirurgie plastique, on distingue deux types d’abdominoplastie, l’abdominoplastie étendue et l’abdominoplastie réduite. Lors d’une abdominoplastie étendue, les replis adipeux et les tissus adipeux sous-cutanés sont retirés et la paroi abdominale est retendue. Le nombril est également incisé et repositionné. La cicatrice, horizontale, s’étire au-dessus des poils pubiens. Elle sera ensuite cachée sous les sous-vêtements, le bikini ou le maillot de bain. Les cicatrices d’appendicectomie et de césarienne peuvent être corrigées à cette occasion. L’abdominoplastie réduite, également appelée mini- abdominoplastie, est une intervention de moindre envergure qui peut également se pratiquer en ambulatoire. L’excédent de peau et de tissu graisseux entre le nombril et la limite du pubis est retiré par une courte incision sans déplacer le nombril. Toutefois, l’effet de lissage est nettement moins important que dans le cas d’une abdominoplastie complète.
Est-il possible de « remodeler » le ventre séparément des fesses et des jambes ou s’agit-il généralement d’un remodelage complet de la silhouette ?
Avec le « Mommy Makeover », différentes zones du corps peuvent être remodelées en même temps. En fonction du ressenti personnel et des changements du corps, il est possible de combiner différentes interventions en une fois : une abdominoplastie, un lifting des seins, une augmentation mammaire ou une liposuccion. Il est également possible de corriger une cicatrice de césarienne ou de traiter les vergetures. Les femmes souhaitent souvent un lifting des seins ou une augmentation mammaire en plus d’une abdominoplastie, car les seins sont aussi fortement sollicités pendant la grossesse et l’allaitement. Après une grossesse, je pratique généralement une abdominoplastie avec repositionnement du nombril car une mini- abdominoplastie ne suffit pas dans ce cas pour retrouver un ventre plat et une taille fine. Les patientes et patients qui viennent me voir après avoir perdu beaucoup de poids souhaitent généralement une liposuccion en plus de l’abdominoplastie et du retrait des replis adipeux afin de minimiser les coussinets de graisse tenaces dans les zones critiques.
Dans les cas les plus graves, combien de temps durent l’intervention sous anesthésie, le séjour en clinique et la convalescence ?
Physiquement, la personne doit présenter un bon état général. L’abdominoplastie se déroule sous anesthésie générale et dure environ deux à trois heures. Une hospitalisation de deux à quatre nuits est conseillée. Les points de suture peuvent être retirés après deux semaines. Nous recommandons de porter une gaine de soutien pendant six semaines et de prévoir deux semaines de vacances pour récupérer. Après l’abdominoplastie, il faut absolument éviter tout stress physique pendant une période de six à douze semaines, comme le sport et les activités physiques intenses à la maison et au travail. L’abdominoplastie étant une intervention chirurgicale dite des tissus mous, la douleur n’est ressentie que quelques jours après l’opération.
Qui prend en charge les coûts de ce traitement ?
Une abdominoplastie est généralement une intervention purement esthétique. Dans ce cas, tous les frais ainsi que l’hospitalisation sont à la charge de la patiente ou du patient. Cela inclut aussi les frais supplémentaires encourus pour les traitements de suivi ou pour toute complication éventuelle. Dans certains cas, l’assurance maladie peut contribuer aux coûts d’une abdominoplastie si le patient souffre par exemple de replis adipeux particulièrement importants provoquant des problèmes de peau comme des mycoses cutanées ou des plaies liées au frottement.
Dans quelle mesure une esthéticienne peut-elle contribuer à accélérer la guérison ?
Après l’opération, il est important de prendre soin de la peau et de la cicatrice, c’est-à-dire de garder la peau douce et souple pour qu’elle puisse bien cicatriser. Les massages et les soins prodigués par une esthéticienne peuvent y contribuer. Le drainage lymphatique est également recommandé car il favorise et améliore la cicatrisation.
Pensez-vous que ce sujet inquiétera encore les générations futures ?
En fait, je pense que la chirurgie esthétique va prendre de l’ampleur. Toujours plus de personnes souffrent d’obésité déjà jeunes et affichent une surcharge pondérale. Cela s’accompagne souvent de maladies dites de civilisation telles que le diabète ou les maladies cardiovasculaires, lesquelles déclenchent souvent le besoin de perdre du poids. Par ailleurs, l’apparence prend elle aussi toujours plus d’importance de nos jours, dans le sillage d’Instagram & Co. Mais la « beauté virtuelle » ne correspond pas à une réalité médicale. Chaque intervention présente des dangers que les jeunes préfèrent ignorer. En tant que chirurgien plastique, je rejette catégoriquement les modifications drastiques.
Texte : Waltraud Ellerich-Minareci
Photos : stock.adobe.com (1), Melanie Zanin (1)