Ces héros de la flore cutanée
Les microbes et les germes ne sont pas toujours « méchants » : comme le démontre la recherche, une colonisation équilibrée est bénéfique à la peau et la protège des maladies. Les formules de soins actuelles préservent et régénèrent le microbiome de la peau – et la maintiennent ainsi en bonne santé.
Puis peu à peu, l'on réalise qu’il existe un lien entre les influences qu’exercent notre monde industrialisé, les besoins accrus en matière d’hygiène et leurs conséquences sur la peau. Ainsi, les données cliniques révèlent la diminution dramatique de la biodiversité des bactéries cutanées des populations occidentales par rapport à celle des populations autochtones d’Amérique du Sud restées hors de contact. De nombreuses études scientifiques se penchent également sur l’origine des lésions et maladies de la peau, et tout particulièrement sur l’existence d’un lien entre les microbes spécifiques présents sur la peau et certaines maladies cutanées.
Aujourd’hui en cosmétique, on connaît donc l’importance d’une flore cutanée bactérienne saine que l’on appelle microbiome – somme de tous les micro-organismes vivants – et qui loge dans et sur notre peau, le plus grand organe du corps humain.
Ne pas déranger !
L’équilibre de cette armée protectrice de bactéries, de champignons et de virus qui vivent en harmonie les uns avec les autres doit être maintenu pour que la peau puisse remplir toutes ses fonctions. Toute perturbation de cette coexistence les déstabilise. En cas d’attaque par des micro-organismes nocifs, la peau réagit notamment par des démangeaisons, des rougeurs ou des maladies telles que l’acné ou la dermatite atopique.
La composition de ces micro-organismes est donc totalement individuelle et dépend de facteurs très divers tels que la profession, la ou le partenaire ou les conditions de vie. La main gauche et la main droite présentent par exemple elles aussi des différences, l’une étant plus utilisée que l’autre pour écrire ou ouvrir une porte. Il n’est donc pas surprenant que la composition de la flore bactérienne cutanée diffère grandement selon la région du corps. De nos jours, les soins de la peau consistent à entretenir cette harmonie cutanée et non plus seulement à lutter contre les bactéries. Il faut aussi par exemple la régénérer le plus rapidement possible en cas de perturbation consécutive à un nettoyage excessif par une substance agressive.
Le microbiome fait partie du système immunitaire. Il est renforcé par une alimentation saine, un stress aussi bas que possible et des soins cutanés appropriés, notamment les produits de soins probiotiques. Ces derniers contiennent ce que l’on appelle des prébiotiques qui servent de substances nutritives aux « bonnes » bactéries qui protègent la flore cutanée. Le pH cutané est régulé, ce qui empêche les « méchants » microbes de se propager sur la peau. Résumons : plus le spectre des microbes est large, moins la probabilité qu’un germe potentiellement pathogène (qui rend malade) do
mine. Chaque personne est donc protégée par sa propre flore cutanée et l’on voit bien qu’il ne s’agit pas de traiter sur-le-champ chaque problème de peau par une substance antibactérienne. Il serait bien plus utile d’aider la souche bactérienne naturelle en question à recréer les composants positifs nécessaires le plus rapidement possible. Les soins professionnels se subdivisent en trois étapes stratégiques globales afin d’assurer le succès et la durabilité d’un traitement :
- Classique : tout d’abord éliminer ou réduire les bactéries (cleanser, lotion tonique, etc.),
- Prébiotique : puis renforcer les « bonnes » bactéries et leur diversité,
- Probiotique : et enfin, utiliser comme principes actifs des produits du métabolisme d’organismes issus de processus biotechnologiques tels que la fermentation lactique ou la production d’acide hyaluronique.
Aujourd’hui, les dermatologues tentent de faire comprendre à leur patientèle acnéique que les bactéries ne sont pas uniquement négatives et qu'il existe logiquement de nouvelles gammes de produits pour traiter les impuretés cutanées. Alors qu’autrefois, les peaux à problèmes étaient soignées avec des substances contenant des agents conservateurs, on propose aujourd’hui aux bactéries cutanées un buffet richement garni en substances actives – un véritable cocktail musclé de composants favorisant ou inhibant la croissance afin de rétablir la biodiversité tout en empêchant une souche bactérienne de dominer.
Ces héros aiment ce qui est bon
Ces mélanges cosmétiques, constitués de vitamines, d’oligo-éléments, d’acides aminés et d’autres substances organiques vitales, viennent souvent de la biotechnologie, notamment par fermentation des céréales, avec une qualité et un degré de pureté élevé, et sont mis à disposition des microbes de la peau. Il ne s’agit pas de leur proposer une gamme de produits individuels destinée à une espèce particulière qui pourrait alors se reproduire plus rapidement. Au contraire, chaque microbe, chaque germe trouve son « plat préféré » – et la barrière cutanée lésée se renouvelle rapidement de manière saine grâce à des produits de soin contenant des ferments longue durée particulièrement riches en substances actives issues de céréales et de graines, avec un pouvoir de pénétration cutané plus élevé et donc une meilleure absorption vu la taille réduite des molécules qui les composent.
Le Dr Christian Rimpler, docteur en chimie des substances naturelles et en pharmacologie, possède et dirige Rimpler Cosmetics, et distribue les marques Isabelle Lancray, Paris, et Dr. Rimpler. Depuis 2007, il est également président du conseil d’administration de l’association Cosmetic Professional (VCP e.V.).
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Texte : Dr Christian Rimpler
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